Ayiiti : Une Haïtienne dans l’âme
Ayiiti ! À première vue, elle est de loin l’allégorie d’Haïti. En particulier, Haïti est souvent représentée par une femme noire en détresse, déchirée dans ses entrailles par les souffrances de ses fils. Pourtant, elle porte le nom de la mère-patrie comme vrai prénom, Ayiti.
J’ai découvert cette artiste à la crinière frisée et à la peau blanche grâce à sa chanson vidéoclipée « Voodoo You Do ». J’ai trouvé le titre intéressant. Puisque la chanson est en partie en anglais, je m’étais dit : « En voilà une qui s’intéresse à la culture de chez nous». En l’entendant dire : « Ou mache nan san m » (je t’ai dans la peau, tu m’envoûtes), je me suis dit : « Ben. Elle parle ma langue». Vous savez ! Dès qu’on dit : « vaudou » chez nous, on a souvent tendance à associer cela au « diable » (au maléfisme). Vu cette culture judéo-chrétienne qui nous est imprégnée, « Voodoo You Do » est un peu étiquettée jusque-là. Il a fallu la sortie de « Zeptima » et sa participation dans le projet musical « Drapo m’ Nan » (Mon drapeau) pour susciter mon grand intérêt pour cette artiste.
Ayiiti, Haïtienne ou pas?
Il y a de cela quelques mois, s’est soulevée une polémique autour de Raquel Pélissier, la première dauphine Miss Universe 2016. Aux yeux de certains, elle ne représentait pas vraiment la femme haïtienne.
En ce qui me concerne, j’ai essayé d’attribuer une cause plausible à toute cette polémique. Était-ce de l’ethnocentrisme ou les idéaux afro-féministes mal conçus?
Du coup, je me suis rappelé, contrairement à certains, qu’être un Haïtien authentique ne signifie pas forcément avoir la peau foncée. Me diriez-vous que les habitants de Casale (Cabaret, Ouest, Haïti) ne sont pas Haïtiens parce qu’ils sont en grande partie descendants de Polonais? Ou encore, ceux de Fonds-des-Blancs n’ont-ils pas le droit du sol? Dans notre réalité sociale, tout homme à la peau claire et même basanée ou albinos, recevra le sobriquet de « blan » (Blanc). En revanche, on peut être Haïtien d’origine et ne pas se considérer comme tel. Bref, tout est une question d’haïtianité.
Effectivement, en plus d’être animée par ce sentiment fort, Ayiiti, de son vrai nom, Ayiti Coles est Haïtienne. Née d’un père franco-haïtien et d’une mère chilienne, elle est 100% Française, 100% Haïtienne, 100% Chilienne. Cependant, où qu’elle aille, elle fera flotter le drapeau haïtien et se dit fière d’être Haïtienne. « Drapo m’ se tankou cheve mwen, mèt ba l’ koulè mwen vle vrè koulè l’ pap chanje. Ble e wouj la se fyète mwen. Mèt fè sa’w vle l’ap rete kole anba po mwen » 💙.
De surcroît, on dirait qu’elle veut garder en vie une frange de la culture haïtienne qui tend à disparaître. Les textes de ses chansons en témoignent de ce constat.
Zeptima
Nos jeux d’enfant comme le cache-cache, le saut à la corde et la marelle sont de moins en moins pratiqués par les enfants de cette génération. On a une jeunesse « digitalisée », jamais sans ses écouteurs, à l’affût de musique d’ambiance. Et ça, on dirait que Ayiiti l’a bien compris, celle qui est née à Paris et a grandi à Haïti. Elle a réuni quelques bribes de nos chants traditionnels d’enfance sur un fond d’afro-beat pour nous livrer « Zeptima ».
- Voici la vidéo complète (paroles et musique) de la chanson :
L’artiste compte déjà deux albums à son actif, « Shizo » (2012) et « No Heartbreak » (2014). Elle prévoit un extended play (EP). Néanmoins, son rêve est de devenir une star internationale. Notamment, elle a tout pour atteindre son but. Elle chante en anglais, la langue la plus courante de l’industrie musicale. Aussi, elle explore le pop-rock, l’electro et l’alternative.
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