Gio Casimir, dans la peau du photographe haïtien

Article : Gio Casimir, dans la peau du photographe haïtien
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22 août 2017

Gio Casimir, dans la peau du photographe haïtien

Gio Casimir, de son vrai nom, Jacques Georges Casimir est un jeune photographe haïtien. Né à Port-au-Prince, il voulait être diplomate. Finalement, il préfère photographier pour capturer l’histoire, notamment.

Il a découvert la photographie très tôt, à travers le roman-photo que lisaient sa mère et sa tante… Pour ses 8 ans, Georges a eu son premier appareil compact. Disponible, ordonné et sérieux, ses photos sont aussi bien des commandes que des photos prises à l’occasion d’événements couverts par le grand gars. Rencontre avec cet ami, ô combien passionné ! Jamais sans son fils (son appareil photo).

Dicton : « Photographier, c’est écrire l’histoire »

Lieu de Résidence : Haïti Contact : Facebook & Instagram 

Dans l’intimité de Gio

Gio Casimir se décrit comme « Un homme ordinaire dans un monde à l’envers. » Au fil du temps,  il a acquis certaines valeurs qui lui sont devenues très importantes dans ses relations humaines : intégrité, respect et tolérance, la gratitude. Au cours de son cursus professionnel, il a compris que le plus important était de trouver le juste milieu entre ses activités professionnelles et sa vie privée.

Gio
Photo crédit : Pascal Justafort

Dans sa vie privée, il a des difficultés dans ses relations familiales. Les familles haïtiennes ont tendance à oublier que nous grandissons et que nous développons nos propres ambitions et les plus susceptibles le prennent comme une insulte à leur autorité parentale. Professionnellement, la compétition déloyale de certains ou la mauvaise foi de certains clients est toujours un coup dur pour  lui.

Gio est un véritable « pye poudre » (voyageur). Il a accepté des contrats un peu partout justement pour le plaisir de découvrir d’autres visages et de nouvelles destinations. Le grand gars a passé une longue année à jongler entre la fac et le boulot sans compter les petites escapades hors de Port-au-Prince, en dehors des plans les uns les plus intéressants que les autres qu’il a  prévus.

Entre souvenir et préférences

Les tatouages l’ont toujours fasciné. À 16 ans, on lui a passé un savon monumental parce qu’il racontait à sa mère son désir de se faire tatouer un dragon sur le corps. Ironie du sort à la fin de sa thérapie sur le deuil de sa mère, il s’est  fait tatouer  la date de son décès. Il a aussi tatoué le mot UNBOTHERED qui traduit son état d’esprit depuis quelques années. Gio est à son troisième tatouage. Néanmoins, il ne sait pas encore s’il ne va pas se faire autre chose demain ou dans un mois.

Grand lecteur, il dévore les livres. S’il devait choisir un seul livre, ce serait « La voyageuse de nuit » qui est l’histoire d’une mère en agonie. C’est lorsqu’il s’est  retrouvé à son tour dans la même situation qu’il a mieux compris certains passages et qu’il se les est approprié. Comme auteur, sans réfléchir, il dira Yanick Lahens qu’il a découvert assez tôt dans « La Petite Corruption » et « Dans la maison du père ». Yanick a les mots qu’il faut et elle sait comment jongler avec eux, selon lui. Il a lu presque tout ce qu’elle a écrit et il n’est pas encore sorti déçu d’une lecture.

Gio, la photographie, c’est ta vie

S’il y a un truc qu’il  regrette c’est de ne pas avoir l’occasion de prendre sa famille en photo aussi souvent qu’il voudrait. Très tôt, il a développé la manie de prendre en photo ses cousins et cousines.

Il a travaillé avec des modèles exceptionnels comme Jean Woolmay Denson Pierre et Jonathan Cancoul. Au début de sa carrière, il voulait surtout faire de la photographie de mode. Du coup, il s’est tourné vers des visages atypiques. Il est ainsi tombé sur Woolmay. Avec lui, le courant est passé assez vite et il est resté jusqu’à son départ  l’égérie de la maison. À travers lui, il a découvert d’autres jeunes mannequins. Avec Jonathan, les débuts étaient différents parce qu’il était plus intéressé à la photographie qu’au modeling. C’est après la première séance qu’il a compris qu’il avait vraiment le potentiel pour être devant la caméra. Aujourd’hui, il est surtout motivé par ce qui sort de l’ordinaire même s’il doit choquer parfois.

Gio
Crédit photo : Fotograf Gio
Gio
Crédit Photo : Fotograf Gio

Par contre, j’ose dire qu’il est un photographe à fantasmes. Gio veut aider les gens à repenser leur nudité. Il est d’accord que c’est bien de cacher sa nudité sous les vêtements. Mais, c’est aussi socialement correcte  en même temps car la nudité n’a rien de laid ou sale.

Ses projets

Là maintenant,  il est sur deux projets majeurs, la préparation de son documentaire sur la vie d’Esther Boucicault et sa collaboration à la rubrique Intimi’thé du blog Publicad’Elles. En dehors de tout ça, il travaille aussi sur les brouillons de textes pour son blog Mon Grain de Sel.

Entre-temps, Gio doit aussi mettre en place les clichés pour une probable exposition photo prévue pour la fin de l’année. Sinon, il laisse faire le temps et les opportunités qui viennent souvent quand il s’y attend le moins. Il se dit ouvert à la vie et à ce qu’elle offre.

Actuellement, il est étudiant en Histoire de l’art et archéologie à l’Université d’État d’Haïti. Entre-temps, il continue de s’adonner à sa passion première. Dans l’immédiat, il veut surtout garder de bonnes notes et continuer à apprendre. L’histoire de l’art est un de ces rêves d’ado qu’il réalise. Il pense qu’à l’époque où il a découvert cette discipline à l’Ecole Nationale des Arts c’était la seule entité à dispenser ce cours.

Quand on grandissait le métier de photographe n’était pas ce qu’un parent souhaiterait pour son fils. Gio peut dire qu’il est chanceux puisque sa mère est la première à lui pousser à suivre un cursus professionnel s’il voulait vraiment se lancer dans la photographie. De surcroit, son père a rapidement suivi mais a toujours insisté pour qu’il fasse des études plus longues. Il croit que du moment que le photographe fasse bien son travail, qu’il ait de la rigueur. Le photographe peut vivre de la photographie en Haïti. La reconnaissance et l’argent ne viennent pas immédiatement mais une fois que tu fais tes preuves l’une et l’autre suivent. Il estime qu’ils sont nombreux à ne vivre que de la photographie.

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