La représentativité lesbienne dans les chansons haïtiennes

Article : La représentativité lesbienne dans les chansons haïtiennes
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28 février 2018

La représentativité lesbienne dans les chansons haïtiennes

À l’heure où la question de l’identité du genre et des éthiques amoureuses fait débat, l’industrie musicale haïtienne commence à octroyer une place à la culture queer. Celle-ci est actuellement indexée par la moralité judéo-chrétienne. Sans pour autant être une nouveauté, la thématique de la femme homosexuelle et/ou bisexuelle est beaucoup traitée ces derniers temps à travers les chansons haïtiennes. Cette dé-diabolisation de la bisexualité féminine ne va pas permettre à certaines de prendre la parole. Néanmoins, elle est devenue une façon d’attirer l’attention. Le message est parfois codé à travers les textes. Coup de projecteur sur quatre chansons haïtiennes récentes qui mettent en vedette une personne lesbienne.

Depuis que certains sénateurs siègent au Parlement, nous assistons à une vague d’homophobie. Aussi, on aurait cru que l’homosexualité est un phénomène nouveau dans notre société. Pour ainsi dire, son « remède » est entre leurs mains. À en croire la rumeur, le Mariage pour tous en Haïti serait un projet de société visé par l’impérialisme nord-américain. Enfin bref !

Lesbienne
Cc Pixabay

En fait, la thématique de la représentativité lesbienne dans les chansons haïtiennes n’est pas une nouveauté. L’imagerie de la femme haïtienne dans la musique décrit le réalisme social-sentimental. Le groupe compas Zenglen était le premier à nous peindre la femme homosexuelle à travers ‘’Flannè femèl’’. Récemment, quatre chansons récentes et plus ont abondé dans le même sens. Une petite analyse de ces chansons.

Reponn de Trouble Boy

La toute dernière chanson traitant du sujet est du rappeur haïtien Lordwensky Jolissaint dit Trouble Boy. À première vue, le rappeur s’est entiché d’une femme qui n’est pas trop intéressée par les hommes. Dans le clip, Matti Domingue joue le rôle d’une femme canon qui ne souhaite pas avoir des relations hétérosexuelles. À travers les paroles du rappeur, on retrouve le cliché que les femmes homosexuelles semblent avoir toujours besoin d’un homme pour satisfaire leurs désirs.

https://www.youtube.com/watch?v=JO90YshDXuk&feature=youtube_gdata_player

Vin Pran’m de Badi Kamal

Partant, le chanteur Badi Kamal nous livre « Vin Pran’m ». À travers son texte, il évoque une femme rencontrée mercredi. Ils sont sortis le lendemain du jour. Si bien que la « relation » a évolué très vite de jeudi à dimanche. Par la suite, la femme s’est volatilisée et était introuvable au téléphone le lundi.

Madi vin pran’m cheri mwen
Se ou map ret tann
Madi vin pran’m cheri mwen
Non mwen pa konprann
Madi vin pran’m cheri mwen
Se ou map ret tann
Madi vin pran’m cheri mwen
M’ pran nan pa konprann

Le non-dit linguistique se cache dans la forme phonologique « Madi vin pran m » (Passe me prendre mardi). À noter que le mot « madivin » désigne une lesbienne en créole haïtien. En conclusion, Badi Kamal avoue être pris au piège d’une « madivin ».

Madi vin avan

Dans le même ordre d’idées, on retrouve un freestyle assez populaire des jeunes rappeurs Jay Muh Fuka et Toby Anbakè. L’histoire est la suivante : une meuf appelle son homme pour lui annoncer qu’elle ne rentre pas ce soir. Quand le mec lui demande le motif de cette absence, elle lui balance qu’elle est en couple avec une amie que le gars connaît. Par conséquent, la dame profite de cette occasion pour lui faire son coming-out en tant que lesbienne ou bisexuelle.

Pour écouter les paroles de la chanson, c’est par ici :

She’s a boy

Voilà un titre assez explicite du moment que l’on comprend le b-a-ba de l’anglais. Cependant, on est loin de la question transgenre.

À travers cette chanson, son interprète nous conte son histoire. Il s’est retrouvé dans une relation avec une femme à l’apparence « masculine ». D’une part, il met en garde contre ces genres de femmes qui fragilise les cœurs. C’est avec amertume qu’il raconte son expérience au cours de laquelle il a failli encourir la mort. D’autre part, il invite à la tolérance.

Cette chanson sortie en 2014 par le groupe compas 3Jès garde toute sa fraîcheur. Cette mélodie se fait entendre dans les clubs, les transports en commun malgré la véhémence du sénateur Jean Renel Sénatus. Parfois, on pourrait avoir l’impression que c’est une chanson récemment lancée.

Pour comprendre l’histoire, c’est là : 👇

Lesbienne, et alors ?

En fait, j’ai trouvé l’idée hyper ludique d’écrire sur le sujet. Premièrement, c’est un sujet tabou. C’est dans ma nature de déranger si cela peut changer l’ordre des choses. Deuxièmement, j’ai voulu attirer l’attention sur l’évolution des mentalités. Quoique la bisexualité féminine semble être plus ou moins tolérée dans notre société tout en étant un des plus grands fantasmes des hommes. Néanmoins, une femme qui joue l’indifférence pourrait être traitée de lesbienne (chez moi). Finalement, je suis comme à mon habitude prêt à décrypter…

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Commentaires

Osman Jérôme
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Tu as un sens d’observation très poussé. Tu ne cesses de m’épater de la diversification de tes productions.

Garens Jean-Louis
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Hahaha ! Merci frangin !

Asesor
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Thanks so much for the post.Really thank you! Great.

Garens Jean-Louis
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Thanks