Garens Jean-Louis

L’avocat : l’aliment savoureux de l’été haïtien

L’avocat est un fruit tropical très apprécié des papilles de chez nous. Ce produit du terroir présente de puissants bienfaits et vertus sur la santé. Comment utiliser cette denrée périssable, selon les spécialités locales, pour le plaisir gustatif ? Au passage, on vous propose une recette d’été appelée « morue antillaise ».

L’avocat est un fruit provenant d’un arbre tropical, bien qu’on ait tendance à le considérer comme un légume. L’avocat fournit de la vitamine B6, C et E et contient en faibles quantités du magnésium, du fer, du zinc, du phosphore et de la vitamine A. Cette dernière joue un rôle dans la santé oculaire. De surcroît, l’avocat compte plus de potassium que la banane. En effet, les avocats sont riches en fibres et favorisent une saine digestion. En plus, ils aident à stabiliser le taux du sucre sanguin.

Ce fruit crémeux est très présent dans la cuisine haïtienne. Par ailleurs, il se mange toujours cru et avec presque tout. Pour tout dire, l’avocat ajoute de la saveur et de la texture à vos plats. Chez nous, on mange l’avocat avec du maïs, avec du riz, avec du pain, des légumes, dans les salades…

Avocat
📷 Crédit photo : Pixabay

Puisqu’on c’est la saison des avocats, on en trouve à tous les coins de rues, dans les étalages des marchands ambulants. Quoi de mieux que de profiter pleinement de quelques recettes avec l’avocat, que ce soit dans la cuisine familiale ou la cuisine traditionnelle.

Préparation de la morue antillaise avec l’avocat

Pour préparer la morue antillaise prévue pour quatre personnes, il vous faut :

  • 500  grammes de morue salée
  • 2  avocats
  • 1  concombre
  • 2 citrons verts
  • 1 oignon
  • 1 échalote
  • 4  gousses d’ail
  • Quelques petits piments
  • 1 bouquet de ciboulette
  • 1 bouquet de persil plat
  • 3  cuillères à soupe d’huile d’olive
  • Sel

Préparez-la en cinq étapes :

  1. La veille, faites dessaler la morue dans de l’eau (changez l’eau 3 fois).
  2. Le lendemain, faites pocher la morue dans de l’eau frémissante pendant 10 min. Égouttez la morue, retirez les arêtes et effeuillez-la.
  3. Pelez l’oignon, l’échalote et l’ail. Mixez-les avec de la ciboulette et du persil.
  4. Dans un plat, mettez la morue, le hachis précédent, le jus des citrons, le piment épépiné et haché, 2 cuillères d’huile et salez. Mélangez et réservez 3 h au frais.
  5. Pelez les avocats et coupez-les en lamelles. Rincez le concombre et coupez-le en rondelles fines. Disposez-les en rosace sur un plat de service, répartissez au centre la préparation au poisson, versez un filet d’huile, parsemez du persil et de la ciboulette et servez frais.

Le soleil s’invite chez vous ainsi que les plats exotiques d’ici et d’ailleurs. Aussi, profitez de la précieuse source de vitamines et de minéraux qu’offre l’avocat. Si vous mangez un avocat par jour, votre foie va produire plus de glutathion, qui est le numéro un des antioxydants, mais il renforce également le métabolisme par le magnésium qu’il contient et qui est un facteur clé dans plus de 300 processus métaboliques.


Billy Phrison Vilmond, Mister Franco Haïti 2019

Billy Phrison Vilmond représentera cette année Haïti à Mister Francophonie. Un concours international de beauté masculine qui vise, entre autres, à promouvoir la langue française et l’éducation, encourager le rapprochement des peuples. Il s’agit, en effet, de la toute première participation du pays à la troisième édition du concours. Entretien avec Jennifer Alexis, Miss Grand International 2017, manager de Billy Phrison Vilmond et sa représentante en Haïti, pour nous en dire plus sur son protégé ainsi que sur l’événement qui se déroulera en décembre prochain à Madagascar.

Garens Jean-Louis : Comment Billy Phrison Vilmond va-t-il se présenter au jury de Mister Francophonie?

Jennifer Alexis : Présentement, Billy Phrison Vilmond le nouveau Mister Franco Haïti 2019 se prépare à fond. Le côté physique est important, mais le côté intellectuel est vraiment plus important pour participer à Mister Francophonie International. Notre Mister Franco Haïti se présentera devant le jury avec toute la détermination pour gagner. C’est ça le but : montrer à d’autres nations que nous valorisons aussi notre pays, que nous avons une culture riche, que nous sommes aussi persuasifs dans nos objectifs, que l’éducation est primée à nos yeux.

GJL : Comment s’est passé le casting de Mister Francophonie?

J.A. : Le casting a été lancé sur les réseaux sociaux. Billy y a postulé. Il a été retenu après avoir rempli un bulletin et avoir répondu aux questions du comité de Mister Francophonie lors d’un entretien.

GJL : Quelles sont les motivations du Best Top Model Haïti 2018 pour ce nouveau challenge ?

J.A. : Billy Phrison Vilmond a toujours été quelqu’un de très actif à l’école. Il participait dans tout ce qui a rapport aux activités extrascolaires : théâtre, danse, sortie scolaire comité de classe et il a même déjà été élu Mister en 2018. Motivé, Billy l’est et j’ai une grande attente par rapport à sa participation à ce concours. Avec ses différentes visites sur le terrain, il a pu comprendre que chaque geste d’amour compte pour le changement et ça le motive davantage.

Billy Phrison Vilmond en lice en terre malgache

GJL : Quels seraient les projets de Billy, fondateur de l’organisation « Amis des Livres »?

J.A. : Le projet consiste à promouvoir la lecture, surtout auprès des jeunes et des enfants. Nous savons pertinemment que l’éducation est la base d’une société et que la lecture y joue un rôle primordial. Billy a déjà commencé à faire des dons de livres, des ateliers de lecture avec les enfants, collaborer avec d’autres groupes qui ont le même objectif… et ça ne fait que commencer.

Billy Phrison Vilmond
Page Facebook Mister Francophonie Haïti

Garens Jean Louis : Et si Billy Phrison devait être élu Mister Francophonie 2019, quels seraient ses envies ?

J.A. : Une fois élu Mister Francophonie 2019, le rôle de Billy en tant qu’ambassadeur de la jeunesse francophone serait de promouvoir la langue française, la diversité culturelle, la démocratie et d’autres valeurs humaines. Personnellement, son projet « Amis des livres » fait sa route. Grâce à ce titre, il va pouvoir encourager plus de gens à lire, leur aider à se focaliser plus sur leurs objectifs et de croire en eux. Ce sera un honneur pour Billy de pouvoir jouer un tel rôle.


Haïti ou la descente aux enfers

Classée parmi les pays les plus pauvres du monde, Haïti vit actuellement une crise socioéconomique sans précédent.

Depuis le 7 février dernier, une grande partie de la population haïtienne investit les rues de différentes villes du pays pour exiger le départ du 58e président de la République. Élu à coups de promesses chimériques, M. Jovenel Moïse est vivement décrié au bout de sa deuxième année au pouvoir.

L’homme aux abords du pouvoir n’est pas l’homme au pouvoir

Présenté par son prédécesseur Michel Joseph Martelly, Jovenel Moïse, novice en politique, a fini par remporter les dernières élections démocratiques. Le poulain du chanteur fait président semblait ne pas pouvoir s’exprimer sans son mentor à ses débuts de campagne. Cependant, une fois au pouvoir, l’homme d’affaires surnommé « Nèg Bannàn nan » (l’homme des bananes) s’est rapidement démarqué de sa bannière politique pour prendre son autonomie.

L’ancien Président de la Chambre des Commerces de son département natal tenant les rênes du pouvoir s’est fait une popularité en raison de la production de bananes exportées vers l’Allemagne et autres destinations. La population affamée a-t-elle vu dans le candidat le sauveur qui apaisera sa faim ?

La canaille révoltée

Depuis tantôt une semaine, la population exige le départ immédiat de l’actuel président haïtien. Fier et obstiné, M. Moïse semble afficher le profil d’un homme qui n’abandonnera pas le pouvoir. Jusqu’ici les transports en commun restent paralysés, les portes des écoles restent fermées.

Haïti vit une misère noire. Les prix des produits de première nécessité montent au jour le jour. Dans ce pays-ci, les manifestations pacifiques n’ébranlent personne. Certaines fois, les manifestants recourent à la violence et subissent en retour la répression policière. Les 6 et 7 juillet 2018 ont engendré une situation chaotique à l’annonce de la montée du prix de l’essence. Depuis ces émeutes, la décote du dollar américain par rapport à la monnaie locale ne cesse de croître. Un plat chaud coûte plus que le prix d’une heure de travail dans une entreprise dite prestigieuse en Haïti. Le président, qui a déjà changé de premier ministre, n’a pas apporté de résultats concrets. Lui faudra-t-il plus de temps ? La population ne souhaite abdiquer sous aucun prétexte. Pour certains, les promesses de campagne du président ne sont qu’un tissu de mensonges.

Un avenir incertain en Haïti

Jadis surnommée la Perle des Antilles, Haïti vit les pages les plus noires de son histoire. À l’école, on nous apprend à être fiers d’un passé glorieux lointain. Notre histoire est certes marquée par l’instabilité politique. Aujourd’hui, j’ai l’impression que le pays est une poudrière. Les politiques nous promettent une nouvelle Haïti. À l’opposé, on assiste à la fuite de nos cerveaux vers d’autres horizons.

Haïti
Pixabay

Personnellement, je ne me vois pas donner naissance dans ce « pays de merde » pour reprendre les mots de Donald Trump. Dégouté par la classe politique haïtienne, le peuple préfère laisser son destin entre les mains d’amateurs en politique. À quand le rêve haïtien (Haitian Dream) ? Personne ne le sait !


« Passion Haïti », le carnet intime d’un exilé

Rodney Saint-Éloi est membre de l’Académie des lettres du Québec, poète, écrivain et essayiste né en Haïti. En 2001, il a dû laisser sa terre natale pour s’installer à Montréal, sa terre d’accueil. À travers « Passion Haïti », Rodney présente Haïti comme un pays terrible et beau. Une suite de récits qui témoignent des sentiments des expatriés haïtiens malgré eux.

En Haïti, Rodney était écrivain, journaliste, enseignant, éditeur. Il avait un nom et une situation. Il réussissait là où tout le monde ou presque échouait. Pourtant, il a choisi de partir. Dans une démarche d’introspection, il tente de s’expliquer ou du moins de se convaincre d’avoir pris la meilleure des décisions : « Je suis parti pour fuir cette marée d’amertumes. » À titre d’exemple, le natif de Cavaillon évoque la faim, l’injustice, le racisme et l’exclusion qui mettent à l’affût nos compatriotes.

On comprend tout de même que l’Haïtien reste attaché à sa communauté, même s’il vit loin du pays. Il craint de perdre un jour les saveurs, les goûts, les instincts du pays, et cet art d’être Haïtien. « Avant, je ne savais pas ce que voulait dire être Haïtien. Je vivais en Haïti. » C’est à Montréal que Rodney dit être happé par la cuisine, la culture et la volonté de refonder Haïti. C’est à Montréal que lui est venue son haïtianité.

Passion Haïti, fenêtre sur l’ancienne Perle des Antilles

À travers ce carnet, l’auteur nous présente des personnages qui lui sont familiers : sa mère Bertha, sa grand-mère Tida, son oncle Gogo. Il nous raconte des pans de son enfance dans son village natal. Il nous fait revivre les contes et les légendes d’antan, nos us et coutumes. Lui qui avait étudié en linguistique, dans un langage typiquement haïtien, fait rayonner le créole. Haïti, ses grandes villes, son vaudou y sont présentés.

Voulant dépasser l’héroïsation de la mémoire historique et rejetant le nationalisme de pacotille, Rodney se veut un acteur du changement. Comment participer à la construction du pays, telle est la question que tant d’autres se posent.

Partir ou rester, tel est le choix ou la décision qui revient à chacun. Par exemple, nos jeunes et moins jeunes affluent massivement au Chili. Selon les projections, si la tendance à la hausse se poursuit, le Chili pourrait compter plus d’un million d’Haïtiens d’ici 2030. Passion Haïti nous livre portraits, paysages, coups de gueule. Un livre à lire que l’on soit binational ou membre de la diaspora haïtienne…


Pour l’éducation culturelle et artistique dans nos écoles

L’éducation haïtienne suit plusieurs vitesses. En plus de former l’homme-citoyen-producteur, l’école devrait travailler à rassembler la nation. Le socle même de l’esprit de la nation, c’est la langue qui est indissociable de la culture. La langue transmet le mode de pensée d’une collectivité qui est, en effet, le fondement du peuple.

Enseigner c’est partager, mais exiger aussi la collaboration et la participation des apprenants. Pour que les savoirs et connaissances puissent être partagés, il serait aberrant de ne pas vouloir tenir compte de la dichotomie langue/culture – langue/peuple. La langue est extrêmement liée à l’histoire du peuple. Non seulement elle est le dépôt de l’expérience et du savoir, mais aussi un moyen de transmission.

Ronald C. Paul, spécialiste de politique culturelle et de pédagogie ; Kesler Bien-Aimé, sociologue et spécialiste du patrimoine. Ensemble, ils ont compilé une série d’entretiens avec la journaliste Souzen Joseph qui constitue un plaidoyer. Plaidoyer pour l’enseignement du patrimoine culturel haïtien dans notre système scolaire.

Penser à l’éducation de la nation revient à bien mesurer le poids de l’histoire dans le présent, pour créer un destin digne. En matière d’éducation, quand on pense à l’avenir de ce pays, on devrait penser essentiellement à l’éducation des générations à venir. Pour améliorer notre système scolaire ou même tout changer, il nous faut une prise de conscience pour pouvoir établir un vrai projet de société. Mettre au centre du projet de société, notre culture.

Pas d’éducation culturelle en dehors de notre littérature

Établir un projet éducatif impliquant notre culture avec ses conceptions du monde, du bien, du beau, de l’utile, de la justice, de l’amour, de Dieu. Dans le programme rénové du nouveau secondaire, on parle d’éducation à l’esthétique. Esthétique, comme s’il allait de soi que le beau soit naturel. L’éducation étant culturelle, l’éducation ne peut pas ne pas mettre au premier rang les oeuvres haïtiennes à partir desquelles nos enfants seront sensibilisés au beau.

À noter que le culturel recouvre bien plus que les arts. L’école devra présenter chaque aspect ou élément du patrimoine culturel le plus sereinement, le plus objectivement possible et dans une attitude d’empathie à l’appréciation des élèves. Apprendre aux enfants l’ensemble de ce qui fait de nous des Haïtiens. Mais aussi, les vestiges de la civilisation des conquérants.

Pour une école qui nous rassemble au lieu de nous diviser (2017), un livre qui aidera les dirigeants d’écoles et parents et même l’État à la construction d’une école qui nous rapproche, nous rassemble, nous unisse avec notre patrimoine culturel comme matériaux. Il faut que l’école nous instruise de notre histoire à partir de notre point de vue.


Honorons l’héritage culturel de Nemours Jean-Baptiste

2018 est décrété « Année Nemours Jean-Baptiste ». Cette année marquerait le centième anniversaire du fondateur du compas direct, musique dansante haïtienne. À l’occasion, plusieurs actes commémoratifs ont marqué l’évènement tel que la pose d’un buste de Nemours Jean-Baptiste, une soirée d’hommage dédiée aux personnalités et groupes ayant contribué à l’évolution du rythme musical le plus populaire d’Haïti, à savoir le Compas-direct. Cependant, il faut aussi bien garder le précieux héritage de géniteur du rythme musical haïtien.

Nemours Jean-Baptiste, illustre saxophoniste et guitariste, a créé le Compas, le 26 juillet 1955 entrant ainsi dans la légende de la musique nationale. Certes, ériger un buste en bronze à l’effigie du fondateur du Compas-direct − pour son centième anniversaire − c’est bien. Tout en espérant que ce monument ne finira pas comme le mausolée du Père fondateur de la patrie. Cependant, conserver le patrimoine immatériel de la musique de chez nous est une autre chose. Rendre accessible ce patrimoine musical tant en Haïti qu’à l’étranger.

Lors de la 32e session de la Conférence générale de l’UNESCO en 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été adoptée. Pour rester vivant, le patrimoine culturel immatériel doit être pertinent pour sa communauté, recréé en permanence et transmis d’une génération à l’autre. Notons qu’Haïti devient le 116e État faisant partie de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO depuis le 17 septembre 2009. La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel consiste à transmettre les connaissances, les savoir-faire et les significations.

Puisqu’on est à honorer Nemours Jean-Baptiste, à quand une école nationale de musique ? Pourra-t-on élever le compas au rang de danse nationale ? On ne parle pas de patrimoine sans musée. Dans quelques décennies, pourra-t-on se vanter d’un premier musée de la musique ? Aussi, le patrimoine évoque-t-il l’idée d’un héritage légué par les générations antérieures que nous devons transmettre dans son état primitif ou augmenté aux générations futures.

Le compas, en tant que genre musical hétéroclite, a évolué à quelques progressions diverses. Petites formations, grands orchestres, ce son facilement identifiable garde son universalité. Fortement influencé par le jazz, le compas direct charrie tout son romantisme. On en est même à parler de « compas love » où l’expression individuelle est prisée. Au-delà de la mosaïque culturelle haïtienne, on constate, bon gré ou mal gré, la fusion des genres musicaux : compas/zouk, compas/rap, compas/rabòday. Qu’il plaise à quiconque qui veuille le reconnaître, c’est poser un faux problème de penser que la combinaison d’avec certains genres musicaux peut affecter la paternité du compas.

Comment protéger le patrimoine immatériel de la musique de chez nous ?

D’une part, la Commission culture et communication du Parlement haïtien, dans le court et le moyen terme, devra renforcer sa mission d’améliorer la connaissance et la culture.

D’autre part, le chef de l’État, Jovenel Moïse, s’il souhaite léguer un héritage culturel à la fin de son quinquennat, doit continuer à fournir au Bureau haïtien des droits d’auteur (BHDA) les moyens de sa politique. Le BHDA, dans son dynamisme, devra continuer d’honorer les musiciens haïtiens. Entre autres, protéger et défendre les droits des créateurs, producteurs et entrepreneurs culturels font partie des principales missions de l’institution créée en 2006.

Quel serait le rôle de l’État dans le renforcement du secteur culturel? Ici, la synergie entre la culture et l’économie n’est pas une priorité. L’État se désengage de moins en moins face à la majorité des financements publics de soutien à l’activité culturelle haïtienne. Aussi, l’État devrait-il étendre aux artistes les bienfaits de la protection sociale. Il serait grand temps que les anciens artistes qui ont donné leur vie à l’art bénéficient d’avantages sociaux, y compris de la couverture sociale.


Il faut sauver le système éducatif haïtien

Que l’on soit un acteur du système ou un simple observateur, la « défaillance » du système éducatif haïtien reste un fait probant. Au lieu de plaindre le système, il faut proposer des palliatifs valables face aux problèmes d’urgence du système actuel.

Système éducatif
CC : katerina-holmes

Lors d’un colloque international à Port-au-Prince, l’ambassadrice de France en Haïti, Elisabeth Beton Delègue, a évoqué la « défaillance » du système éducatif haïtien dans son discours du vendredi 23 mars. Sur le site de l’ambassade de France, des chiffres sont avancés :

« 1 enfant sur 4 ne fréquente pas l’école, 25% de la population est analphabète, 80% des maîtres n’ont pas de formation spécifique ».

L’échec scolaire reste une réalité liée au développement du pays. Au rapport de janvier 2018, la Banque Mondiale estime à 90% le nombre d’enfants scolarisés en Haïti. Enfin, la part d’enseignants non qualifiés est estimée à 65% (et non 80%) par l’UNICEF.

Dans son livre « Les Problèmes du système éducatif en Haïti », Odette Roy Fombrun lie les problèmes du système éducatif aux problèmes socio-économiques. Elle parle de « révolution konbitique non violente » qui s’oppose aux principales réformes du système éducatif. Le sémantisme du mot konbitique exprime davantage la coopération. Ainsi, l’auteure et historienne propose de changer les structures.

Madame Fombrun consent à ce que l’on crée le conditionnement mental qui doit conduire au développement. Selon le « trésor national » haïtien, il faut convaincre le peuple haïtien qu’il est possible d’être l’artisan de son développement. La centenaire croit fermement qu’il faut réaliser l’éclatement de l’école traditionnelle.

Vers un aménagement linguistique du système éducatif haïtien ?

En 1982, a lieu la Réforme Bernard, qui fait des deux langues officielles d’Haïti les langues d’enseignement. Le créole est donc la principale langue d’enseignement dans les cinq années d’enseignement fondamental.

En fait,  la Réforme Bernard a été un échec en ce sens qu’elle n’a pas résolu un des problèmes fondamentaux que confronte le système éducatif : la langue d’études. Par ailleurs, le statut social privilégié des bilingues rend l’utilisation du créole comme langue d’unification difficile. Dispenser l’éducation en créole et apprendre une langue étrangère semble poser problème. Pour la majorité, le français est facteur de promotion sociale.

Haïti étant dans une situation diglossique.  Maintenir un programme de bibliothèque au sein des écoles et des municipalités est une priorité. Sur ce point, il nous faut innover, découvrir les moyens d’avancer au rythme de nos possibilités et de nos disponibilités. Identifier des locaux pouvant accommoder des bibliothèques scolaires.

Dans son livre « Portrait du Colonisé », Albert Memmi, parle d’amnésie culturelle pour évoquer le rejet inconscient du patrimoine culturel. Pour sa part, l’éminent linguiste haïtien  Yves Déjean, a relaté que l’éducation en Haïti n’est pas au diapason avec les réalités socioculturelles du pays. Il est évident que l’usage du français ne réussit pas à tous ceux qui intègrent le système éducatif haïtien.

Modestement, je proposerai que tous les Haïtiens apprennent à lire et à écrire le créole. Ensuite, le français pourra être enseigné progressivement. Sur ce point, certaines maisons d’édition nationales tentent de proposer des manuels rédigés dans les deux langues officielles du pays. Toutefois, il faudra attendre une ou deux générations pour mesurer le résultat escompté.

« L’éducation est considérée comme instrument de lutte »

D’un autre côté, en dépit de ses multiples partenariats développés avec la communauté internationale, seulement 8% de l’aide est allouée à l’éducation depuis 2015.

De son côté, compte tenu de la situation socio-économique et l’attente de la désignation d’un Premier ministre, la population est de plus en plus sceptique sur la subvention des manuels scolaires cette année.

Deux semaines après la rentrée officielle de l’année scolaire 2017-2018, la préparation et la distribution des livres subventionnés n’étaient pas toujours disponibles. La fièvre du Mondial étant passée, l’État dispose-t-il de fonds pour la migraine de la rentrée des classes 2018-2019?


Fiasco de la Mannschaft : malédiction ou fin du cycle de Joachim Löw ?

Eh oui. Il faut le croire. La National Mannschaft est éliminée de cette 21e édition de la Coupe du monde dès la phase de poules. La dernière fois que cela est arrivé c’était en 1938. Pour ses trois matchs joués, la sélection allemande n’a eu qu’une seule victoire étriquée et deux défaites. Bon dernier du groupe F avec notamment la Suède, le Mexique et la Corée du Sud. En fait, cette équipe considérée comme une machine à gagner n’a marqué que deux buts encaissant au passage quatre buts.

Mannschaft
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Surtout après cette débâcle face à la Corée du Sud, étant supposée leur offrir la qualification, la presse allemande s’est prononcée sur cette humiliation. Bild ressort le même titre que lors de la victoire 7-1 contre le Brésil en 1/2 de coupe du monde au Brésil : « Sans mots » . Si certains supporters allemands se sont laissés aller aux larmes, j’ai dû retenir les miennes. Entre dégoût et amertume, j’ai dû prendre mon courage à deux bras pour écrire ce billet.

Malédiction?

Peut-être comme on dit, l’histoire a tendance à se répéter. Comme la France en 2002, l’Italie en 2010, l’Espagne en 2014… l’Allemagne, championne du Monde en titre, est éliminée de la Coupe du Monde dès la phase de groupes.

Personnellement, je ne crois pas en la chance. À l’opposé, je ne crois non plus en la malchance. Face au Mexique, nous avons assisté à une équipe mexicaine déterminée et un Ochoa hyper motivé. Quant au match face à la Suède, le génie de Toni Kroos a créé le miracle allemand. Cependant, face à la Corée du Sud, il n’y a pas de logique qui tienne. En effet, les Allemands semblaient manquer d’inspiration encore moins d’un meneur. Cette équipe allemande, qui peut compter sur son jeu d’ensemble plutôt que sur une vedette, laissait à désirer.

Par exemple, Timo Werner en pointe n’était pas le bon choix selon moi. D’autant plus, le carton rouge de Jérôme Boateng a coûté très cher à la Mannschaft. Il aura fallu quelques interventions de Mats Hummels au niveau de l’attaque pour miroiter un petit quelque chose. Sincèrement, les matchs de l’Allemagne avant le Mondial laissaient planer quelques doutes. Quoiqu’on était loin de s’imaginer un tel scénario. Ben. Bon. C’est le football.

Joachim Löw ou la génération post Mondial 2006 ?

Jürgen Klinsmann quitte la sélection en 2006 après le tournoi et est remplacé par son adjoint Joachim Löw. Avec lui, une génération de joueurs assoiffés du titre de champion du monde. Bastian Schweinsteiger, Lukas Podolski, Philipp Lahm et Miroslav Klose sont, entre autres, quelques joueurs expérimentés qui ont soulevé la Coupe en 2014. Les jeunots de l’époque tels que Mesut Özil, Sami Khedira, Jérôme Boateng, Manuel Neuer et Dennis Aogo ont remporté le Championnat d’Europe Espoir 2009. Ils ont tous acquis de l’expérience grâce à leurs aînés. Après le titre mondial, Miroslav Klose, Per Mertesacker, et Philipp Lahm mettent un terme à leur carrière en sélection. L’élimination précoce de la Mannschaft lors de la Coupe du Monde 2018 vient démontrer que la Mannschaft n’est plus aussi invincible qu’autrefois.


Mondial 2018 : Je supporte l’Allemagne, et vous ?

L’Allemagne est l’équipe ayant disputé le plus de matches en Coupe du monde : 106 en 19 participations. Comme mentionné en titre, j’affiche mon soutien à la Mannschaft, l’équipe qui a joué le plus de finales (8). Pourquoi le style de jeu des quadruple champions m’impressionne-t-il ?

Je supporte l’Allemagne, et vous ?

De 1998 à 2018, cela a fait six coupes du monde en vingt ans à mon palmarès personnel d’amateur du ballon rond.

La plus émouvante fut peut-être celle de 2014, parce qu’elle reste celle du sacre de la Mannschaft. Aussi, parce que les Allemands avaient étrillé le Brésil 7 buts à 1.

Pour cette édition, les poulains de Joachim Löw, sous contrat jusqu’en 2022, sont en tête des favoris. Depuis que le sélectionneur allemand est rentré en poste en août 2006, la Mannschaft fait preuve d’une régularité exemplaire : troisième aux mondiaux de 2006 et 2010, finaliste de l’Euro 2008, demi-finaliste en 2012 et 2016. La sélection allemande a affiché une baisse de régime dans ces derniers résultats enregistrés en matches amicaux pré-Mondial, cependant, il est trop tôt pour faire place aux mauvais présages.

Allemagne
📷 RonnyK via Pixabay

Pourquoi je supporte l’Allemagne ?

Chez moi, en Haïti , on est le plus souvent Brésiliens ou Argentins, ce qui veut dire que l’on est soit fan du Brésil ou de l’Argentine. Je ne vais pas donner de statistiques, mais, je peux affirmer que les fans des Auriverdes sont plus nombreux que ceux de l’Albiceste, l’équipe d’Argentine.

Évidemment, d’aucuns se souviennent encore des exploits de Pelé, Bebeto, Ronaldo, Ronaldinho ou du feu follet Neymar Jr. D’autres aiment encore Diego Maradona ou encore la légende du FC Barcelone, Lionel Messi.

Bizarrement,  il arrive que l’on demande pourquoi tu es fan de l’Allemagne. Le regard suspicieux, certains sont prêts à m’accuser de racisme. Loin de là ! Sans même savoir cracher quelques mots d’allemand, j’ai développé une admiration pour le jeu de qualité de cette sélection allemande. En effet, dotés d’une sortie de balle impressionnante, les défenseurs centraux de la Mannschaft participent dans la construction du jeu. Mats Hummels et Jérôme Boateng, deux éléments importants de la charnière défensive, me séduisent. Connu pour son 4-2-3-1 classique, la sélection allemande est parfois paradoxale. Aussi, Mesut Özil, Toni Kroos, Julian Draxler et Joshua Kimmich devront desservir des passes fluides.

Quelques petites anecdotes pour le Mondial 2018 côté allemand

L’homme qui a donné le titre à l’Allemagne au Brésil en 2014 ne sera pas présent en Russie 2018. L’attaquant Mario Götze, en raison d’une maladie très rare dont il a mis du temps à se remettre, verra le Mondial à la télé.

La plus incompréhensible décision prise par le coach des quadruple champions du monde est la non sélection de Leroy Sané dans le groupe des 23 joueurs retenus pour le Mondial 2018. Le milieu offensif de 22 ans à Manchester City, champion d’Angleterre cette saison (10 buts et 15 passes décisives en 32 matchs), a accepté son éviction avec humilité et humour.

Le sélectionneur de l’Allemagne a justifié son choix en conférence de presse. « Leroy Sané est un grand talent, absolument. Il sera bientôt de nouveau avec nous, à partir de septembre nous allons renforcer notre travail avec lui, mais il n’a peut-être pas complètement tout donné dans ses matches avec l’équipe nationale. […] Il s’est également bien comporté hors du terrain. […] », a déclaré Joachim Löw.

À l’opposé, le gardien Manuel Neuer est sélectionné pour la coupe du monde 2018 malgré sa blessure qui a duré toute la saison à Bayern Munich. Un plus pour son moral puisqu’il conserve même son brassard de capitaine ! Franchement, l’Algérie m’a donné chaud en 2014. Je ne compte pas oublier ce match. Tu as ta place au sein du groupe Manu !

En attendant de voir le beau jeu allemand, je reprends cette phrase célèbre de Gary Lineker :

« Le football est un sport qui se joue à onze contre onze et à la fin, ce sont toujours les Allemands qui gagnent. »