Liberté de la presse : Haïti sur le banc des rétrogradés

Article : Liberté de la presse : Haïti sur le banc des rétrogradés
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28 avril 2018

Liberté de la presse : Haïti sur le banc des rétrogradés

D’après le classement 2018 de Reporters sans Frontières (RSF) sur la liberté de presse, Haïti se positionne à la 60e position sur 180 pays. À noter que, par rapport à 2017, Haïti perd sept places.

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📷 StockSnap via Pixabay

Le métier de journaliste est un métier à risques

Lee Woodyear, journaliste freelance, explique que diffuser l’actualité est aujourd’hui devenu un métier dangereux. Entre autres, parmi les difficultés rencontrées par nos confrères en Haïti, citons l’absence de soutien des institutions. On aura beau parler de liberté d’expression, de presse, d’État de droit : autant de terminologies qui sonnent faux.

Charles de Gaulle, homme politique français, eut à dire :

« À la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans sa pensée, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs. »

Nous espérons avoir une société dans laquelle on ne cherche pas à imposer à l’autre son point de vue comme étant la norme.

La liberté de presse et ses illustres victimes

« Ne dis que la vérité même si elle t’assujettit à la mort » – Omar Ibn Al Khattab

Le mardi 3 avril 2018 a ramené le 18ème anniversaire de l’assassinat de Jean Léopold Dominique. Jean Dominique était un journaliste « grande gueule » né le 30 Juillet 1930 à Port-au-Prince. Il est le premier à avoir introduit l’utilisation du créole à la radio en Haïti. Aussi, Jean Do a fait la promotion du journalisme de terrain et a largement traité l’actualité internationale. Il a été abattu à son arrivée à la radio le 3 avril 2000 à 6h05 du matin. Jean Dominique est atteint de quatre balles. Le gardien de la station, Jean Claude Louissaint, est aussi abattu d’une balle. Jusqu’à date, l’enquête se poursuit.

L’affaire Legagneur

Il y a le cas du jeune photojournaliste Vladjimir Legagneur, porté disparu depuis le 14 mars dernier alors qu’il était en reportage à Grand Ravine, l’un des quartiers les plus sensibles de la capitale. Dans le cadre des opérations menées par la Police nationale d’Haïti, des ossements frais, des vêtements et un chapeau ont été retrouvés à Grand Ravine. Les objets retrouvés et les ossements devraient être analysés dans des laboratoires spécialisés. Jusqu’ici, sept personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette enquête.

À noter que le chapeau trouvé le 28 mars dernier sur un terrain situé à Sillon dans la localité de Palema (Grand-Ravine) est bien celui du journaliste, selon l’identification faite par son épouse aux enquêteurs. Le téléphone portable du journaliste a été retrouvé en la possession de deux individus arrêtés.

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© Page Facebook Amélie Baron Journaliste

Un mois et demi après la disparition du photojournaliste, la police n’a toujours pas fourni de détails sur son enquête ni sur les responsabilités éventuelles des sept personnes qu’elle a déjà arrêtées.

Liberté de presse et éthique professionnelle

« Une société n’est forte que lorsqu’elle met la vérité sous la grande lumière du soleil. » – Émile Zola

Qui dit quoi ? C’est la grande question que je me pose parfois. Dans le cadre de l’exercice de leur métier, certains tentent d’utiliser leur pouvoir, soit pour faire du chantage, soit pour détruire celui ou celle qui ne lui plait pas.

Chez nous, il y a cette volonté de détruire et dévaloriser toute figure, pensée, pratique non soumises à la dérive de l’autorité extérieure. Des termes comme persécution politique, diffamation, aberration rentrent dans la sémantique historique et prennent des extension de sens. Du moment que l’on pointe du doigt les mauvais agissements d’un représentant d’un pouvoir établi, ces vocables viennent ébruiter les tympans.

À l’opposé, il y a des médias qui malheureusement dans notre pays sont à la solde de certains individus. L’État, pour contrôler la pensée du peuple, a recours à la propagande, à la fabrication du consensus d’illusions nécessaires. Quel meilleur instrument que les organes de la presse pour accomplir cette mission ?

S’il est vrai que l’information c’est le pouvoir, la déontologie du métier doit être prise en compte. Je rêve d’une presse éthique en Haïti où les médias exerceront de moins en moins un rôle néfaste sur la conscience collective…

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