Honorons l’héritage culturel de Nemours Jean-Baptiste

Article : Honorons l’héritage culturel de Nemours Jean-Baptiste
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7 août 2018

Honorons l’héritage culturel de Nemours Jean-Baptiste

2018 est décrété « Année Nemours Jean-Baptiste ». Cette année marquerait le centième anniversaire du fondateur du compas direct, musique dansante haïtienne. À l’occasion, plusieurs actes commémoratifs ont marqué l’évènement tel que la pose d’un buste de Nemours Jean-Baptiste, une soirée d’hommage dédiée aux personnalités et groupes ayant contribué à l’évolution du rythme musical le plus populaire d’Haïti, à savoir le Compas-direct. Cependant, il faut aussi bien garder le précieux héritage de géniteur du rythme musical haïtien.

Nemours Jean-Baptiste, illustre saxophoniste et guitariste, a créé le Compas, le 26 juillet 1955 entrant ainsi dans la légende de la musique nationale. Certes, ériger un buste en bronze à l’effigie du fondateur du Compas-direct − pour son centième anniversaire − c’est bien. Tout en espérant que ce monument ne finira pas comme le mausolée du Père fondateur de la patrie. Cependant, conserver le patrimoine immatériel de la musique de chez nous est une autre chose. Rendre accessible ce patrimoine musical tant en Haïti qu’à l’étranger.

Lors de la 32e session de la Conférence générale de l’UNESCO en 2003, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été adoptée. Pour rester vivant, le patrimoine culturel immatériel doit être pertinent pour sa communauté, recréé en permanence et transmis d’une génération à l’autre. Notons qu’Haïti devient le 116e État faisant partie de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l’UNESCO depuis le 17 septembre 2009. La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel consiste à transmettre les connaissances, les savoir-faire et les significations.

Puisqu’on est à honorer Nemours Jean-Baptiste, à quand une école nationale de musique ? Pourra-t-on élever le compas au rang de danse nationale ? On ne parle pas de patrimoine sans musée. Dans quelques décennies, pourra-t-on se vanter d’un premier musée de la musique ? Aussi, le patrimoine évoque-t-il l’idée d’un héritage légué par les générations antérieures que nous devons transmettre dans son état primitif ou augmenté aux générations futures.

Le compas, en tant que genre musical hétéroclite, a évolué à quelques progressions diverses. Petites formations, grands orchestres, ce son facilement identifiable garde son universalité. Fortement influencé par le jazz, le compas direct charrie tout son romantisme. On en est même à parler de « compas love » où l’expression individuelle est prisée. Au-delà de la mosaïque culturelle haïtienne, on constate, bon gré ou mal gré, la fusion des genres musicaux : compas/zouk, compas/rap, compas/rabòday. Qu’il plaise à quiconque qui veuille le reconnaître, c’est poser un faux problème de penser que la combinaison d’avec certains genres musicaux peut affecter la paternité du compas.

Comment protéger le patrimoine immatériel de la musique de chez nous ?

D’une part, la Commission culture et communication du Parlement haïtien, dans le court et le moyen terme, devra renforcer sa mission d’améliorer la connaissance et la culture.

D’autre part, le chef de l’État, Jovenel Moïse, s’il souhaite léguer un héritage culturel à la fin de son quinquennat, doit continuer à fournir au Bureau haïtien des droits d’auteur (BHDA) les moyens de sa politique. Le BHDA, dans son dynamisme, devra continuer d’honorer les musiciens haïtiens. Entre autres, protéger et défendre les droits des créateurs, producteurs et entrepreneurs culturels font partie des principales missions de l’institution créée en 2006.

Quel serait le rôle de l’État dans le renforcement du secteur culturel? Ici, la synergie entre la culture et l’économie n’est pas une priorité. L’État se désengage de moins en moins face à la majorité des financements publics de soutien à l’activité culturelle haïtienne. Aussi, l’État devrait-il étendre aux artistes les bienfaits de la protection sociale. Il serait grand temps que les anciens artistes qui ont donné leur vie à l’art bénéficient d’avantages sociaux, y compris de la couverture sociale.

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