La littérature francophone au coeur des îles

Article : La littérature francophone au coeur des îles
Crédit: iwaria.com
30 avril 2023

La littérature francophone au coeur des îles

La littérature peut se définir comme l’ensemble des oeuvres littéraires d’un pays ou d’une époque. Elle peut aussi se définir comme l’ensemble des textes qui traitent d’un sujet. La littérature francophone est plus large que la littérature française, cette notion est plus récente aussi, elle a vu le jour dans nombre de pays anciennement colonisés par la France.

Je me permets donc de définir la littérature francophone comme un genre littéraire bâti par des héritages croisés, parfois antagoniques. Même à travers une pensée de délocalisation, nous héritons d’un patrimoine littéraire à travers un territoire et son passé.

C’est en 1880 que le géographe Onésime Reclus forge le mot « francophonie » pour désigner l’ensemble des populations utilisant le français. On peut distinguer quatre visages de cette francophonie : les pays où le français est la langue maternelle (Europe et Canada francophones); les pays créoles (où le français est langue seconde, mais parente) ; ceux qui ont le français comme langue officielle ou langue d’usage (qui ont été , pour la plupart, colonies françaises) ; et les pays de français langue étrangère privilégiée (comme parfois en Europe centrale et orientale).

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Notez qu’un récit peut être francophone sans que son auteur le soit.

Ma plume, mon identité

Dans les Antilles, la langue française est inaccessible à la grande majorité de la population. Ceci s’explique parce-que dans les années 30, il fallait affirmer son identité d’homme noir. Depuis cette période, les intellectuels noirs de La Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane cherchent à définir leur identité culturelle.

Le mouvement de la Négritude, inauguré avec Pigments de Léon Gontran DAMAS (1937) et Le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé CÉSAIRE, (1939), a repoussé la prédominance culturelle de la France. La Négritude, telle que développée par Aimé Césaire, a démontré que le premier pas était d’aller vers l’Afrique, la terre d’origine, pour mieux scruter les voies de l’avenir.

Aimé Césaire aborde le thème du héros noir, de son émancipation, des tares du colonialisme, de la révolution, de l’Afrique et de la tyrannie. Sa poésie est un véritable manifeste de la Négritude.

Les thèmes de la révolte, de la glorification du passé de l’Afrique et de la nostalgie de l’harmonie de la société des ancêtres sont un trait commun du mouvement de la Négritude, ces thématiques se retrouvent chez d’autres grands écrivains et poètes antillais influencés par ce courant.

Frankétienne, un nom incontournable de littérature francophone

Frankétienne, est né le 12 avril 1936 à Ravine Sèche, dans une section rurale de l’Artibonite, en Haïti. Sa mère a été violée par un Américain alors qu’elle était encore très jeune. Cette scène primitive, est d’abord un récit pour l’enfant presque blanc, élevé sans connaître son père, dans un milieu populaire noir. Mais il deviendra le motif principal d’un de ses livres les plus achevés, H’Éros-Chimères (Prix Carbet 2002). Frankérienne avait d’abord commencé à publier de la poésie, dès 1964.

Au total, Frankétienne a publié plus d’une quarantaine d’ouvrages. Il a obtenu de nombreux prix littéraires. En 2004, il reçoit le Prix Pablo Neruda ; en 2005, le grand Prix insulaire d’Ouessant ; en 2006, le Prix Union latine de Littératures romanes et fut lauréat, la même année, de la Fondation du Prince Claus de Hollande. L’ancien Ministre de la Culture a également reçu l’insigne de Commandeur des Arts et des Lettres en juin 2010.

Aussi, il fut nommé artiste pour la paix de l’Unesco, en 2010, en reconnaissance « de son apport à la littérature francophone, de son engagement pour la sauvegarde et la défense de la culture haïtienne et de sa contribution à la promotion des idéaux de l’Organisation ».

Le Grand prix de la francophonie lui est attribué en juin 2021 par l’Académie française. Ce prix est destiné à couronner « l’œuvre d’une personne physique francophone qui, dans son pays ou à l’échelle internationale, aura contribué de façon éminente au maintien et à l’illustration de la langue française ».

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Le spiralisme selon Frankétienne

 Avec Jean-Claude Fignolé et René Philoctète, Frankétienne est l’initiateur du « mouvement spiraliste » qu’il définit comme une esthétique du chaos. Ce nom de spiralisme leur était parvenu lors de la lecture de l’ouvrage de Engels, « antiduring ».

En outre, Frankétienne a mis en évidence la notion de schizophonie qui permet de traiter les mots comme des particules d’énergie sensuelle, en perpétuel mouvement à l’intérieur du texte.

Selon Franck Étienne, « la spirale représente un genre nouveau qui permet de traduire les palpitations du monde moderne. L’œuvre spirale est constamment en mouvement. C’est ce qui explique en partie cette suite de ruptures dans le développement du texte. D’ailleurs, il n’est nullement nécessaire de construire l’œuvre à partir d’un sujet précis. Écrire devient dès lors une véritable aventure, celle d’un récit multipolaire où chaque mot, jouant le rôle de déclic, est susceptible de se transformer en noyau prêt à se désagréger pour donner naissance à d’autres entités verbales. En ce sens, la spirale est fondamentalement une œuvre ouverte, jamais achevée. La spirale est une tentative de saisir le réel dans la diversité de ses aspects».

L’esthétique de la spirale est nourrie de nombreux éléments, elle résulte à la fois du vécu quotidien, des actualités éphémères, des utopies vivaces, des rêves sublimes, des fabuleuses mythologies planétaires et de la densité du dire poétique.

René Depestre, un poète noir de la Caraïbe engagé corps et âme

René Depestre est né à Jacmel, en Haïti, en 1926. Il fait ses études supérieures à la Sorbonne à Paris et fréquente à cette période les poètes surréalistes. Son premier recueil de poésie paraît en 1945 et son premier roman en 1979. C’est un poète, romancier et essayiste. Il est expulsé de France en 1950 à cause de son engagement dans les mouvements de décolonisation de la France. René Depestre reçoit le prix Goncourt de la Nouvelle en 1982 pour Alléluia pour une femme et de nombreux autres prix littéraires.

De 1946 à 1950, il suit des études de lettres et de sciences politiques à la Sorbonne. Aussi, Depestre fréquente les poètes surréalistes français, des artistes étrangers et les intellectuels du mouvement de la Négritude, qui se réunissent autour d’Alioune Diop et de Présence Africaine.

Dans le cadre de la promotion de la poésie et en hommage au combat du poète René Depestre, les Éditions Varella lancent un appel à textes en organisant un concours de poésie intitulé : « Concours de Poésie René Depestre ».

Page Facebook Éditions Varella

Les Éditions Varella proposent comme thème « Haïti,tu renaîtras de tes cendres » et appellent à la créativité des poètes haïtiens. Pour participer, il faut rédiger un poème inédit en français ou en créole (qui ne doit pas dépasser 25 lignes) et l’envoyer avant la date butoire du 18 mai 2023 toutes les formes autorisées (vers, prose ou libre).

Dans le cadre de cet appel à textes, la récompense est une publication de l’œuvre du gagnant. Vingt-cinq textes seront sélectionnés par un jury pour figurer dans un recueil collectif.

Que serait mon « idéal » de la littérature ?

Machine à écrire, crédit LibelSanRo via Pixabay

J’aime la littérature d’idées. Pour moi, la littérature est une manière de se défendre des injustices et de dénoncer les mensonges.

Mon amour des livres m’a été insufflé par mon père, qui avait sa petite bibliothèque à la maison. Gamin, j’étais intrigué par la couverture de Dans la peau d’un Noir de John Howard Griffin, qui tronaît dans la petite bibliothèque familiale. La lecture fait partie intégrante de ma vie et de mon quotidien. Enfant, je devais passer des heures à la bibliothèque de l’école, que ce soit dans le cadre formel ou pour les heures de retenue.

En fait, mes goûts et mes envies évoluent selon mes différentes expériences. Je pense que J’avoue que j’ai vécu de Neruda a été ma première grande découverte littéraire. Au secondaire, j’étais vraiment passionné par les romans et films autobiographiques. Adolescent, j’étais intrigué par les récits appartenant au registre réaliste. Depuis 2010 et jusqu’à aujourd’hui, j’ai eu trois coups de coeur littéraires : Les Immortelles de Makenzy Orcel , Les cinq lettres de Georges Castera et Zoune chez sa Ninnaine de Justin Lhérisson. J’ai lu récemment L’amant de Marguerite Duras, que j’ai vraiment beaucoup aimé.

Les livres ont le pouvoir de nous façonner en nous marquant de leur empreinte pour toute la vie. Quel est, selon vous, l’incontournable livre à lire ? Répondez-nous en commentaire et découvrons ensemble la magie de la littérature francophone !

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